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20:00
Claude Debussy Prélude à l’après-midi d’un faune
André Jolivet Hopi Snake
Maurice Ravel Ma mère l’Oye
Igor Stravinsky Le Sacre du Printemps
Sanja et Lidija Bizjak pianos
Inspiré par la poésie de Mallarmé, le Prélude à l’après-midi d’un faune occupe Debussy de 1892 à 1894. La partition, d’un genre nouveau, déconcerte et fait couler beaucoup d’encre : immense succès auprès du public lors de sa création, mais froide réception de la critique. Debussy s’en amuse, et répond lorsque qu’on l’interroge sur le solo de flûte : «C’est un berger qui joue de la flûte, le cul dans l’herbe.» Plus sérieusement, il écrira «La musique de ce Prélude est une illustration très libre du beau poème de Stéphane Mallarmé. Elle ne prétend nullement à une synthèse de celui-ci. Ce sont plutôt des décors successifs à travers lesquels se meuvent les désirs et les rêves d’un faune dans la chaleur de cette après-midi. Puis, las de poursuivre la fuite peureuse des nymphes et des naïades, il se laisse aller au soleil enivrant, rempli de songes enfin réalisés, de possession totale dans l’universelle nature.»
Mallarmé ne cache pas son admiration lorsque Debussy l’invite à écouter son œuvre: «Cette belle musique ne dissone pas avec mon poème, elle va encore plus loin, vraiment dans la nostalgie et la lumière, avec finesse, avec malaise, avec richesse» confie-t-il.
Œuvre majeure du XX e siècle, qui fit scandale à sa création en 1913, Le Sacre du Printemps, composé par Stravinsky et chorégraphié par Nijinsky, n’en finit pas de fasciner. Construit en deux grandes sections, L’adoration de la Terre et Le Sacrifice, il évoque, selon l’argument de Nicolas Roerich, des rites en l’honneur de la terre et du printemps, aboutissant au sacrifice humain d’une jeune fille élue, pour conquérir des divinités telluriques. Stravinsky, lui, voulait exprimer «la sublime montée de la nature qui se renouvelle : la montée totale, panique, de la sève universelle». Pour entourer ces deux chefs d’œuvre, l’attendrissant Hopi Snake de Jolivet et le très poétique Ma mère l’Oye de Ravel. Et pour servir ce magnifique programme, l’intelligence, la virtuosité et la sensibilité de Lidija et Sanja Bizjak, à deux pianos et quatre mains : «Le duo des sœurs Bizjak s’est révélé d’une trempe exceptionnelle. Le Sacre du Printemps a parfaitement rendu compte de la tension de l’œuvre, de ses couleurs et de ses rythmes… à réentendre de toute urgence!» (La Lettre du Musicien).