Chaque soir, lors du festival, la nuit tombe, et baigne progressivement la vénérable «crypte» de l’Athénée 4 dans une atmosphère mystérieuse. À l’instar du «Grand Nocturne» de Suzi Pilet, «Les Athénéennes» sont un révélateur où l’on retrouve – en musique – des visages, des pépites et des parcelles de trésor. Lors de cette sixième édition, nous rendons hommage à la nuit; à l’ombre de la «chambre noire», d’où jaillissent les intuitions lumineuses.

6 mai L’ouverture de notre voyage nocturne confronte la lumière à l’ombre: le merveilleux concerto pour deux violons de Bach à la tourmentée Symphonie de chambre de Chostakovitch. Cette dernière est un arrangement réalisé par Roudolf Barchaï du célèbre Huitième Quatuor, dont Chostakovitch disait: «Je me suis dit qu’après ma mort personne sans doute ne composerait d’œuvre à ma mémoire. J’ai donc résolu d’en composer une moi-même…». Sarah Nemtanu, Pierre Fouchenneret et l’Arties Chamber Orchestra seront les interprètes de choix de ces deux chefs-d’œuvre. Marc Perrenoud rencontre David Enhco. Accompagné par Pedro Secundo, batteur résidant du fameux Ronnie Scott de Londres, et le talentueux bassiste genevois Vincent Ruiz, le jazz contemporain puissant et inventif de Marc Perrenoud se verra enrichi du lyrisme de David Enhco, un des trompettistes les plus en vue de la scène jazz actuelle.

7 mai Seconde rencontre entre Bach et Chostakovitch. Mais ombre et lumière se répartissent différemment lors de cette confrontation: un Bach plus grave et hiératique dans le Concerto pour clavier BWV1052, et un jeune Chostakovitch turbulent voire burlesque dans le Concerto pour piano et trompette. Un grand écart stylistique dont se jouera la pianiste Audrey Vigoureux, qui nourrit une passion pour les deux compositeurs. L’Amazing Keystone Big Band est de retour aux Athénéennes! Pour revisiter cette année le fameux «Carnaval des Animaux» de Saint-Saëns. Arrangements fins et ludiques; énergie et virtuosité éblouissantes; connivence avec le public: les ingrédients pour une nuit des plus «bestiales». Sans parler de la «Night and Day» party, pilotée par Jean-Alexandre Blanchet: crooning et rythmes funks achèveront la métamorphose du public des Athénéennes en joyeuse ménagerie.

8 mai Dame Felicity Lott a choisi de célébrer son anniversaire à l’Athénée 4 de la plus coquine des façons: «Les jeux de l’amour et du hasard», une évocation en musique de l’univers des libertins. Aux côtés de la grande cantatrice, sa complice Jacqueline Bourgès-Maunoury, au piano, et le comédien Alain Carré. Ce spectacle rapporte les douceurs d’un temps où tout semblait voué à l’amour. D’une sensualité l’autre: après les frivolités de Hahn, Messager, Strauss… glissement vers une musique pleine de mystère: «Ainsi la Nuit». Le Quatuor de Dutilleux est une succession de sept sections qui forment, dans un processus créatif en évolution, un jeu subtil du statique et du mouvant. «Tout se transforme insensiblement en une sorte de vision nocturne, cela se présente, en somme, comme une suite d’états avec un côté un peu impressionniste». Puis Patrick Messina rejoindra le Quatuor Cavatine, pour interpréter le Quintette avec clarinette de Mozart, dont le mouvement lent est une des plus belles pages nocturnes jamais écrite.

9 mai Événement: David Fray et Gérard Caussé! Deux grands artistes se rencontrent dans un magnifique récital allemand: après la radieuse Sonate en trio de Bach en do majeur, les quatre attachants «Contes de fée» de Schumann, suivis de la première Sonate pour alto
de Brahms. Une œuvre du Brahms tardif, qui déploie tout un univers de tendresse et d’intériorité. Ambiance nocturne perpétuée en deuxième partie de soirée: l’intimité du solo d’Elina Duni, qui chante son Albanie natale, en s’accompagnant à la guitare et aux percussions traditionnelles. Un folklore d’une grande poésie, ramifié dans des improvisations intenses et envoutantes.

10 mai Cette année, le ciné-concert des Athénéennes présente un film rare, sur une musique inédite écrite en tandem par Thomas Delclaud et Pierre Mancinelli. Charles Vanel réalise «Dans la Nuit» à trente-sept ans, en 1929, avant de se consacrer à la carrière d’acteur que l’on sait. Histoire tragique d’un homme défiguré par un accident, et rejeté par sa femme, «Dans la nuit» est un bijou de poésie, injustement oublié.
En seconde partie, le collectif Eklekto nous entraîne dans un parcours étrange et singulier autour de sa création «Chamber Bells». Quatre percussionnistes explorent les richesses sonores de notre temps dans un voyage contemplatif.

11 mai Récital d’un artiste surdoué, dans un programme titanesque, en hommage à Pierre Boulez, disparu en ce début d’année. Après les Variations pour piano de Webern, partition emblématique du sérialisme
viennois, Jean-Frédéric Neuburger domptera deux chevaux de bataille de la musique pour piano du vingtième siècle: «Gaspard de la Nuit» de Ravel et la deuxième Sonate de Boulez. Audacieuse rencontre entre le triptyque «romantique» de Ravel, inspiré par les poèmes en prose d’Aloysius Bertrand, et le chef-d’œuvre monumental du «premier» Boulez. Le trio de Laurent Coulondre est un des plus explosifs de France! Il distille un jazz aux grooves énergiques et virtuoses, et s’intéresse, dans les compositions originales du projet «Schizophrenia», aux tensions nées de la rencontre entre musique électrique et acoustique (orgue Hammond/piano; basse électrique/contrebasse).

12 mai Des musiciens de haut vol se rencontrent autour de deux œuvres phares de la musique de chambre. Après le flamboyant Quintette de Schumann, «Verklärte Nacht» (La Nuit Transfigurée), partition extatique du jeune Schönberg, basée sur un poème de Richard Dehmel.
Le texte décrit une promenade nocturne d’un couple amoureux dont la femme avoue qu’elle attend un enfant d’un autre. Son amant insiste sur l’importance de sa maternité et lui assure qu’il est disposé à faire sien cet enfant. Ils marchent heureux, sous la lune, dans cette nuit transfigurée. Le Quartet de Nicolas Masson joue une musique paradoxalement familière et inclassable. Nourries aux influences de la scène brooklynienne, les compositions originales de ce quatuor se situent quelque part à la croisée du jazz, de la pop, du rock et de la musique contemporaine. Un concert qui nous plongera dans les méandres nocturnes de la «ville qui ne dort jamais».

13 mai Dans le passionnant projet «Science Fiction Lieder», trois jeunes compositeurs de diverses origines nous invitent à explorer une autre nuit: celle de l’inconnu d’un temps futur. Une forme volontairement traditionnelle, le Lied, pour exprimer l’étrange, le fantastique, le robotisé des textes de Blaise Cendrars, Øyvind Rimbereid et Lydia White. Comme Nicolas Masson, Christophe Irniger est un saxophoniste suisse qui a longuement sillonné les scènes new-yorkaises. Mais avec le trio de Michael Bates, il arpentera des paysages moins urbains: ceux de «Northern Spy», répertoire de compositions originales inspirées par les nuits «éternelles» du nord du Canada. Rien de glacé pour autant: un jazz incandescent, soutenu par le swing irrésistible de Jeremy «Bean» Clemons.

14 mai La désormais traditionnelle «Jam» des Athénéennes réunira différents musiciens du festival en un foisonnement de rencontres inédites et inattendues. Musique classique, jazz, musique contemporaine, se croisent dans un programme révélé le soir même. Les «lucioles» de Thomas Enhco illumineront avec charme cette dernière nuit athénéenne. Un final tout en lyrisme composé par le «petit prince» du piano jazz, qui interprète en trio son dernier opus «Fireflies». Au terme de ce parcours nocturne, l’intitulé de notre fête finale «La nuit remue» est emprunté à Henri Michaux.
Le poète écrit, dans «Dans la Nuit»:
Toi qui m’envahis
Qui fais houle houle
Qui fais houle tout autour
Et fumes, es fort dense
Et mugis
Es la nuit.
Place à la houle des denses danseurs, dont les pas dessineront des tracés élégants sur le parquet de l’Athénée 4, comme en contrepoint des gracieux lumignons de la photographie de Suzi Pilet.

Bienvenue aux Sixièmes Athénéennes!

Audrey Vigoureux, Valentin Peiry et Marc Perrenoud

Famille Mach, Elena Mach, Sébastien Mach, Léonard Mach, Anne-Marie Schindler, Françoise Demole, Albertine de Saussure, Christian de Saussure, Cynthia et Patrick Odier, Sophie Barenne, Marcus Gentinetta, Bruno Mégevand, Gauthier Herrmann, Annick Matzner, Pierre Boesiger, SG M&R SA, Karin et Ruhal Floris, Mark Saporta, Philippe Dinkel, Dominique Berlie, Jean-pierre Roussarie, Andrea Pugliesi, Eve-Anouk Jebejian, Pierre Fuhrer, Ygal eT Sandra Sebban, Florence Klunge, Yvonne Vigoureux, Elisabeth et Roland Perrenoud, Julie Perrenoud, Hervé Pictet, Valentina Gindraux, Emmanuel Tagnard, Céline et Bastien Semenzato, Julia Batinova, Jean-Alexandre Blanchet, Delphine Sordat, Sylvain Frei, Caroline Recher, Dominique Rovini, Thuy-san Din, Thierry Mach, Steve Roger, Gregor Fey, Ellen Mouravieff-Apostopl, Yémima Levy, Michel Bastet, Raymond Portier, Marianne Meylan, Manuel Alonso, Juan-Carlos Hernandez, Anne-Lise Allison, Daniel Calderon, Olivier Favre, Gregor Schmilinsky, Clarissa, Philippe Rielle, Bistro la Fabrique, Hem de Genève, Restaurant l’Odéon, Jan Nehring, … un merci tout particulier à Suzi Pilet, de nous avoir permis d’utiliser ses magnifiques photographies, et à tous ceux qui ont apporté leur soutien et qui ont permis la réalisation de cette 6e édition.

Un Grand Merci à tous!!!

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MERCI POUR VOTRE SOUTIEN.

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