La 10eme!
Les Athénéennes fêtent leurs dix ans !
Après une année de pause, pour les raisons que nous connaissons et qui ont paralysé le monde de la culture, nous sommes plus déterminés que jamais à célébrer cette décennie de musique avec ferveur et panache. L’occasion aussi d’orienter le projecteur plus que de coutume sur des magnifiques artistes helvétiques, et mettre à mal le «complexe suisse» qui voudrait que si nous produisons la meilleure crème du monde, la crème artistique devrait toujours être d’importation…
Décade : danse et décadence.
Ce petit jeu de mots est prétexte à la thématique du festival, qui vous propose une mise en regard d’œuvres liées à la danse et de musiques associées aux périodes de décadence.
Les époques dites décadentes sont troublées : changements de repères, peurs liées à l’inconnu, à la mise en question, voire à l’effondrement, d’habitudes et de mécanismes qui ne correspondent plus aux défis qu’impose le réel… Mais aussi : émulation, enthousiasme pour des idées et des perspectives nouvelles. Souvent balbutiantes, tâtonnantes, parfois extrêmes de par leur caractère réactif, elles répondent à un besoin impérieux de renouveau propice aux créativités.
L’actualité complexe et incertaine que nous vivons vient peut-être questionner la notion de décadence, et notre programmation 2021 souhaite humblement rappeler que les périodes de transition, conflictuelles et inquiétantes, sont aussi riches d’espoir, et, artistiquement, de foisonnement des pensées, des esthétiques, des audaces.
Et la danse : si importante dans la musique, dans (presque) toutes les musiques ! Mais peut-être d’autant plus quand le monde change.
En tant que fête, pour ne pas se laisser engourdir par l’inquiétude, pour se tenir chaud. Parce que la joie d’avoir un corps et de bouger est un repère intemporel. Dans l’histoire de la musique, on peut aussi observer le besoin de se connecter à la danse et à ses rythmiques quand les langages sont en crise. Probablement pour ne pas laisser la pensée se perdre dans un excès d’abstraction. Peut-être aussi, quand le passé se fait trop lourd, une façon de se relier au «léger» de la tradition; Schönberg et Stravinsky, pour s’autoriser les risques de leurs expérimentations, écrivent des suites de danses…
Si cette année nous ne pouvons pas encore danser les uns contre les autres, nous aimerions vous offrir des occasions de danser intérieurement. Un voyage plein de rythmes, de contrastes, d’exubérance et de couleurs vives… Une édition anniversaire placée, comme toujours aux Athénéennes, sous le signe de la fête !
Audrey Vigoureux, Valentin Peiry, Marc Perrenoud