jeudi 3 juin
Deux chefs-d’œuvre de la musique de chambre pour ouvrir cette Xe édition : Partition grandiose, en quête d’absolu, la Grand Fugue op.133 de Beethoven est un véritable ovni dans le répertoire pour quatuor à cordes. D’une écriture folle, univers de tensions et de conflits, au discours tour à tour altier, provoquant, violent, majestueux, dansant, exutoire, vertigineux, il réside dans la Grande Fugue une extraordinaire puissance de choc. «Vision prophétique du XIXe siècle, voire du XXe, ou regard détaché sur l’ère classique ? Beethoven recule jusqu’au gouffre les limites musicales qu’il s’inflige. La Grande Fugue est une immense progression symphonique, à la somptuosité quasi orchestrale, mais pas une œuvre de total triomphe, car l’exultation de ses phases d’élan ascensionnel conserve presque toujours une couleur tragique.» (P.Szersnovicz).
Pour lancer le coup d’envoi du festival, les quatre ultra-talentueuses jeunes femmes du Quatuor Zaïde, s’emparent de cette œuvre magistrale. «Je vois quel chemin vous voulez suivre et puis vous assurer que c’est aussi le mien. Là est l’unique chance de salut : la beauté !» écrivait Wagner à Schumann après l’audition de son Quinette avec piano. Composé en 1842 et considéré aujourd’hui comme l’un des manifestes du romantisme, le Quintette pour piano et cordes op.44 de Schumann est en effet une ode à la vie et à l’amour. Voyage entre fantaisie et rigueur, entre extase et stupeur, entre abandon et labeur, entre idéalisme et renoncement : le Quintette de Schumann se distingue par ce caractère surprenant qui à chaque mouvement emmène l’esprit là où on ne s’y attend pas.
Le pianiste Théo Fouchenneret (1er prix du Concours International de Genève 2018, «révélation» aux Victoires de la Musique 2019), au jeu d’une sensibilité et d’une intelligence rares, rejoindra le Quatuor Zaïde pour interpréter ces pages d’une intense beauté.
Se mettre à l’aise devant un super8 flanqué d’une barbe à papa sur le canapé d’un bunker anti-atomique au bord du lac Baikal avec cette question qui nous taraude : Sommes-nous sur la crête de la vague ou nous chevauche-t-elle dans son rouleau furieux ?
Après quinze ans d’existence, le groupe «Hildegard Lernt Fliegen» pose ses burlesques perruques, plie ses anciennes partitions en bateaux de papiers et change de cap ! Hissant son encrier, Andreas Schaerer, capitaine et fin parolier d’un équipage clanique, vogue vers de nouveaux horizons. Avec toujours un vent de vieux pré-bop post-mouvementé accroché sous de fidèles amarres, le sextet délaisse son chapiteau et plonge en profondeur dans sa nouvelle demeure : Une cathédrale engloutie, tout en rondeur qui apaise les aigus et promeut une voix puissante et mature.
Ah ! Comme nous sommes heureux de les retrouver aux Athénéennes !
Convoquant l’âge d’or de Harlem, les bas-fonds de New-Orleans, la fantaisie surréaliste du Jive et le martèlement du Gipsy Swing, les quatre musiciens en smok et nœud pap’, créent un cocktail dansant explosif, mêlant compositions originales et répertoire traditionnel au groove irresistible.
En special guest, l’incroyable Lalla Morte, danseuse, fakir, illusioniste et co-fondatrice du cabaret dangereux parisien «MurderSuicidePresents» : la promesse d’une fin de soirée brûlante.
BEETHOVEN grande fugue opus 133
SCHUMANN Quintette pour piano et cordes op.44
feat. Lalla Morte